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Rude Boys et le Rocksteady. 1966 – 1968.

Le mouvement des rude boys début vers 1961. Les rude boys sont des jeunes hommes qui ont émigrés vers Kingston à la recherche d'un emploi, qu'ils ne trouvent pas. Ils s'entassent dans les bidons villes de l'ouest de Kingston et mènent une vie de la plus grande misère. Face à cette situation, une vague de mécontentement commence à monter. Le terme rude boy est assez généraliste et s'applique aux anarchistes, rebelles, révolutionnaires et aux hors la lois des ghettos. Tous ceux qui refusent le système de hégémonie qui les maintient dans les plus basses couches sociales. Les rude boys les plus marginaux et pauvres sont plus ou moins des criminels, des arnaqueurs et des dealers, attirés par les petits délits et le gangstérisme. Ils sont avars de violences, utilisant des couteaux et des armes pour arriver à leurs fins. D'autres rude boys sont plus attirés par une protestation contre un système imposé par les blancs, d'un travail d'exploitation pour une salaire de misère et l'immobilité total des partis politiques. Ils se rangent aux côtés des rastas avec lesquels ils partagent des centres d'intérêt.

Le mouvement des rude boys et leur musique sort des dancehalls en 1964. La musique des rude boys est assez proche du ska, mais en plus ralenti (± 90/110 bpm), ce qui laisse de place pour les chanteurs. Certains, comme Alton Ellis, sont farouchement opposés aux rude boys. The Wailers par contre, revendique les "rudies", célébrant leurs actions en faisant d'eux des véritables idoles. Le plupart chantent à propos des rude boys sans les condamner ni les approuver. Les rudies s'identifient fortement avec les films des gangsters et des mafiosi, mais surtout avec les "spaghetti westerns" de Sergio Leone. Mélangeant les images violentes de l'écran avec leur réalité de ghetto, les rude boys deviennent des adeptes de la gâchette facile.

La situation post indépendance est toujours sous l'influence des deux parties politiques, le JLP (Jamaican Labour Party) dirigé désormais par Edward Seaga, et le PNP (People's National Party) crée par Norman Manley et dirigé ensuite par son fils Michael. De 1962 à 1972, les 2 premiers gouvernements sont teenus par la JLP conservatrice. Les rivalités politiques continuent et les confrontations et violences réciproques entre les deux parties continuent. Leurs supporteurs respectives devient de plus en plus partisans. La politique est dans l'impasse et aucune des deux parties n'arrivent à résoudre le problème N°1 en Jamaïque, le manque d'emploi.

En 1966 le mécontentement avec l'immobilité des politiciens et le manque d'avancement social est en ébullition totale. Le paysage politique est marqué par des violentes confrontations entre les gangs rivaux des supporters du JNP et le PNP. Ces "tribal wars" résulte dans l'imposition d'un état d'urgence en octobre 1966. Dans les mois avant les élections générales de 1967, les deux parties se disputent le control de tel ou tel ghetto et le paysage urbain se polarise. Les violences sont omniprésentes et l'usage d'armes à feu augment d'une manière alarmante.

Cette violence déborde dans les dancehalls avec des attaques gratuites, aux couteaux, aux armes et pire au cocktail Molotov. La réaction de la police est de fermer les dancehalls, des havres de violences politiques et de criminalité à leurs yeux. Les opérateurs des systems ont de plus en plus mal à travailler et entrent dans une phase de déclin. Du fait de cette violence, le plupart des opérateurs des systems cessent de tourner. Les deux opérateurs les plus importants, Coxsone Dodd et Duke Reid concentrent désormais leurs activités dans leurs studios respectifs. Le peu de systems qui restent deviennent sédentaires, s'installent dans les night clubs en se rebaptisent "discothèques" (sic) pour se désassocier des mots "sound system", synonymes de violence.

Ces changements sociaux se répercutent sur la musique. De ce fait la musique change aussi et en 1966 un nouveau style de musique voit le jour: le rocksteady. Le tempo de la musique ralentit encore (± 75/95 bpm) car en 1966 la Jamaïque subit une forte canicule. Il fait littéralement trop chaud pour danser. Les studios deviennent les principaux lieux de création musicale. C'est une période forte pour Duke Reid, responsable pour la production de nombreux tubes rocksteady. La section de cuivres s'efface au profit de la section rythmique et la basse prend les devants. Les arrangements deviennent plus travaillés. Les vocalistes profitent du changement aussi. C'est un age d'or pour les groupes vocaux, qui se s'inspirent des groupes de soul américain. Quoique le plupart chantent sur l'amour plutôt que la violence, d'autres paroles font des commentaires sur le manque d'ordre social.

 

Rude Boy : Desmond Dekker – 007 (Shanty Town), Rudie Got Soul, Rude Boy Train. Derrick Morgan – Tougher Than Tough, Cool Off Rudies. Prince Buster – Hard Man Fe Dead, Rude Rude Rudie, Judge Dread. Alton Ellis – Dance Crasher, Cry Tough.

Rocksteady : Alton Ellis – Rock Steady. Toots &The Maytals – 54-46 That's My Number, Pressure Drop.
The Ethiopians – Engine 54. Desmond Dekker – The Israelites. Lee Perry – The Upsetter. The Paragons – On The Beach, Island In The Sun, Wear You To The Ball, The Tide Is High. Derrick Morgan – Do I Worry, I Want To Go Home.

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